L’activité industrielle comporte inévitablement des conséquences, parmi lesquelles une hausse des températures dans les zones environnantes. Aux États-Unis, une compagnie pétrolière entend bien y remédier en… recongelant le permafrost !
Réchauffement climatique ou pas, la compagnie pétrolière américaine ConocoPhillips entend bien exploiter les énormes gisements de pétrole en Alaska… quitte à, pour cela, recongeler le sol gelé de l’Arctique afin d’éviter son affaissement et la dégradation des infrastructures.
Recongeler le permafrost grâce à des « thermosiphons » pour évacuer la chaleur
Les gisements de pétrole dans l’Arctique et plus particulièrement en Alaska, ne laissent pas les compagnies pétrolières indifférentes, surtout après que le gouvernement les ait sortis du périmètre des réserves fédérales stratégiques.
C’est dans cette optique que ConocoPhillips, qui vient d’obtenir le feu vert de l’administration Trump, souhaite mettre tous les avantages de son côté pour ériger ses plateformes pétrolières et toute l’infrastructure qui va avec : on parle de 800 km de routes, de chemins de gravier et de glace, d’une piste d’atterrissage et même d’un pont de glace. Mais pour éviter que le permafrost ne décongèle et que toute cette infrastructure ne s’effondre, il faudra… le recongeler artificiellement en permanence
Pour cela, ConocoPhillips mettra en place des « thermosiphons », à savoir des tubes à l’intérieur desquels circulera un gaz qui a la propriété d’emmagasiner extrêmement bien (et donc d’emporter avec lui) la chaleur. Car une activité industrielle sur de la glace précipitera inéluctablement la fonte de cette dernière : rien que la circulation de véhicules créera de la chaleur du fait du frottement des roues sur le sol et des gaz d’échappement.
L’entreprise envisage donc de refroidir le sol afin que le permafrost reste stable malgré un réchauffement évalué à 2.2°C pendant l’intégralité des 30 ans que va durer le projet.
L’Alaska devient de plus en plus chaud
Ce projet, baptisé Willow, a débuté en 2016 avec le forage de deux puits, qui ont permis d’estimer les réserves de pétrole en sous-sol à 400-750 millions de barils. Une fois que toute l’infrastructure nécessaire sera construite (d’ici 2024 ou 2025), devrait commencer l’exploitation de pétrole, au rythme de 100.000 barils par jour. ConocoPhillips compte investir l’équivalent de 1,7 à 2,5 milliards d’euros dans ce projet d’ici à 2050.
Le site Korii rapporte qu’ « en 2017, l’ONG Carbon Disclosure Project avait révélé que cent compagnies pétrolières étaient à elles seules responsables de 71 % des gaz à effet de serre émis par l’industrie. ConocoPhillips figurait en bonne place dans le classement, avec 7,5 milliards de tonnes équivalent CO2 rejetées dans l’atmosphère entre 1988 et 2015 »
Selon le National Climate Assessment, un grand rapport régulièrement commandé par le gouvernement américain (dont la dernière édition date de 2018), les températures moyennes dans l’Alaska ont augmenté deux fois plus vite depuis le milieu du 20e siècle qu’ailleurs dans le monde. De tous les États américains, c’est d’ailleurs dans l’Alaska que le rythme d’augmentation des températures est le plus élevé. Et les records de températures ne cessent de se suivre. Ainsi, en juillet 2019, pour la première fois depuis le début des mesures, 32°C ont été constatés à l’aéroport d’Anchorage.