Face au dérèglement climatique, il n’est pas rare que des citoyens fassent “pression” sur leurs collectivités, ou même leurs États. Mais six jeunes Portugais ont décidé de voir les choses en plus grand : ils attaquent 33 pays en justice pour les pousser à agir concrètement pour l’environnement. Dont la France.
Ils ont entre 8 et 21 ans et demandent des comptes au nom de la planète. Jeudi dernier, 33 pays ont été portés devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) par six jeunes Portugais. Parmi eux, la France, la Norvège, le Royaume-Uni, la Russie, la Turquie, ou encore l’Ukraine. Selon les plaignants, ils ont “échoué à faire leur part afin d’éviter une catastrophe climatique“. Une première pour la CEDH qui n’a pas pour habitude de traiter des affaires de ce type.
Combat pour le climat
L’objectif de ces jeunes est que ces pays soient reconnus responsables de l’aggravation de la crise climatique, et d’avoir mis en danger l’avenir les générations actuelles et futures. Ils demandent également à la CEDH de Strasbourg de les contraindre à prendre des mesures urgentes et concrètes pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Une attaque en justice qui intervient alors que le Portugal a connu son mois de juillet le plus chaud depuis quatre-vingt-dix ans, comme d’autres pays qui connaissent de plus en plus des chaleurs extrêmes. Dans une interview accordée au Parisien, Sofia, 15 ans qui compte parmi les plaignants, explique l’importance de leur action : “Notre but est d’enrôler le plus de monde possible dans ce combat pour le climat et d’ajouter nos voix à celles des jeunes qui se sont déjà mobilisés, explique-t-elle. Il faut que la parole des enfants soit plus entendue”.
Des actions similaires ont abouti
Cette action en justice n’est pas sans rappeler celle de “l’Affaire du siècle” en France, lancée fin 2018 par des ONG : un recours contre l’État français pour inaction climatique et qui est soutenue par plus de 2 millions de personnes dont des associations, personnalités et citoyens.
Mais le cas de l’Hexagone n’est pas unique : deux actions similaires ont par exemple abouti en Irlande et aux Pays-Bas en 2015. Et pour ce dernier, l’État a été condamné par la Cour Suprême à réduire d’au moins 25 % ses émissions de gaz à effet de serre dans un délai de cinq ans, décision contestée finalement sans succès en 2019.
En ce qui concerne la demande des six Portugais, si leur action en justice réussit, la CEDH peut pousser les pays à accélérer leurs actions en faveur du climat, et changer leurs plans climatiques avant la prochaine COP.