150 ans de réchauffement climatique anthropique ont balayé 6.500 ans de refroidissement naturel

Des milliers de données écologiques, géochimiques et biophysiques, aussi bien marines que terrestres. Et quelques modèles statistiques. C’est ce dont les chercheurs auront eu besoin pour reconstruire les moyennes de températures sur Terre pendant l’Holocène. Leurs résultats suggèrent que les 150 dernières années de réchauffement climatique ont littéralement balayé 6.500 ans de refroidissement.

L’Holocène a commencé il y a environ 10.000 ans et des chercheurs de l’université de l’Arizona du nord (États-Unis) sont parvenus à reconstruire avec une précision inégalée, les variations de température moyenne que notre Terre a connues pendant cette époque géologique qui a succédé à la dernière période glaciaire. Ils révèlent un refroidissement global commencé il y a environ 6.500 ans.

« Des travaux antérieurs avaient déjà montré que notre Planète s’était naturellement et lentement refroidie au moins 1.000 ans avant le milieu du XIXe siècle. Notre étude permet de remonter ce phénomène un peu plus long dans le temps », explique Darrell Kaufman, auteur principal, dans un communiqué. Le tout reposant sur les données paléoclimatiques marines et terrestres les plus récentes, issues d’enregistrements réalisés sur près de 700 sites dans le monde et sur des analyses statistiques poussées.

Selon ces chercheurs, donc, il y a 6.500 ans, notre Terre connaissait un pic de chaleur avec des températures moyennes supérieures de 0,7 °C à celles enregistrées au milieu du XIXe siècle. Tous les 1.000 ans, elle a ensuite subi un refroidissement d’environ 0,1 °C. Un refroidissement que les paléoclimatologues attribuent aux cycles lents dans l’orbite de notre Planète qui ont réduit la quantité de soleil reçue par l’hémisphère Nord en été.

Pour reconstruire les variations de température moyenne au cours de l’Holocène, les chercheurs de l’Arizona du nord (États-Unis) se sont appuyés sur de nombreuses données différentes. D’où la robustesse de leurs résultats. © Université de l’Arizona du nord

Mieux projeter le climat du futur

Depuis le milieu du XIXe siècle, un nouveau réchauffement climatique est en cours. Anthropique, celui-ci. Les températures moyennes ont déjà grimpé d’environ 1 °C, effaçant donc totalement les effets de ce refroidissement de 6.500 ans et suggérant que la décennie 2010-2019 a été la plus chaude des décennies de la période postglaciaire que nous vivons. Même si la reconstruction des chercheurs de l’université de l’Arizona du nord ne résout pas les décennies.

Pour retrouver de telles températures, il faut remonter à 125.000 ans

« Pour retrouver de telles températures, il est possible qu’il faille remonter jusqu’à avant la dernière période glaciaire, soit il y a environ 125.000 ans. Le niveau de la mer était alors de trois mètres plus haut qu’il ne l’est aujourd’hui », commente Darrell Kaufman.

« L’étude des modèles de changements de température naturels dans l’espace et le temps nous aide à comprendre et quantifier les processus qui causent les changements climatiques », explique de son côté Cody Routson, également impliqué dans l’étude. « Notre climat futur dépendra largement de l’influence des facteurs humains, en particulier de l’accumulation des gaz à effet de serre. Il sera également influencé par des facteurs naturels et il sera compliqué par la variabilité naturelle au sein du système climatique. Les projections du changement climatique à venir seront améliorées par une meilleure prise en compte des facteurs anthropiques et naturels. »