De quoi notre avenir climatique sera-t-il fait ? La question est de plus en plus brûlante. Et quarante ans après la publication d’une première fourchette de températures, des chercheurs apportent aujourd’hui enfin quelques précisions. Mauvaise nouvelle : les connaissances les plus récentes nous prévoient un réchauffement plus chaud que l’espéraient les climatologues.
Depuis le début de l’ère industrielle, la Terre s’est réchauffée de +1,2 °C. En cause : les émissions de gaz à effet de serre par les activités humaines. Au rythme actuel de ces émissions, les niveaux de dioxyde de carbone (CO2) dans notre atmosphère seront doublés — par rapport à leur niveau préindustriel — d’ici 60 à 80 ans. Et alors, de combien devons-nous nous attendre à ce que notre Planète se réchauffe ?
Le saviez-vous ?
Aujourd’hui, le niveau de CO2 dans notre atmosphère est déjà de quelque 50 % plus élevé que celui de l’époque préindustrielle, c’est-à-dire, avant 1750.
En 2019, les mesures de l’observatoire de Mauna Loa (Hawaï) montraient un niveau moyen de 411,4 parties par million (ppm).
Quarante ans que la question a été posée pour la première fois par le Conseil national de recherche des États-Unis (NRC). Et quarante ans que les climatologues y apportent une réponse trop vague pour être satisfaisante : de +1,5 à +4,5 °C. Une fourchette qui, à une extrémité, nous demandera simplement quelques adaptations à ce réchauffement climatique et à l’autre, nous conduira à la catastrophe.
Aujourd’hui enfin, des spécialistes du Programme mondial de recherche sur le climat (WCRP) sont parvenus à préciser les choses. Se basant à la fois sur les tendances du réchauffement que nous vivons fournies par des données satellites notamment, sur les dernières connaissances des effets de rétroaction, sur les modèles les plus récents et sur l’étude détaillée du climat passé, ils annoncent qu’avec une telle augmentation des niveaux de CO2 dans l’atmosphère, nous devons nous attendre à un réchauffement climatique compris entre +2,3 à +4,5 °C.
La coopération internationale comme seule solution
Ainsi, selon ces chercheurs, les chances pour que les températures augmentent de moins de 2 °C ne sont que de 5 %. Pour cela, il faudrait que les scientifiques soient embarqués sur plusieurs mauvaises pistes, des pistes non liées comme un comportement inattendu des nuages et des modèles de réchauffement des océans. Et, mauvaise nouvelle supplémentaire, le risque pour que les températures augmentent de plus de +4,5 °C reste, lui, compris entre 6 à 18 %.
Une estimation plus directe conclut, quant à elle, à une fourchette plus précise encore allant de +2,6 à +3,9 °C. Globalement, « nos estimations rendent improbable le fait que la sensibilité du climat se situe à l’extrémité inférieure de la fourchette et confirment plutôt l’extrémité supérieure », constate Gabi Hegerl, chercheur à l’université d’Édimbourg (Écosse) dans un communiqué du WCRP.
Une part importante du travail des chercheurs a consisté à s’assurer de l’indépendance des preuves recueillies. « Comme si vous considériez la version mathématique d’une tentative de déterminer si un témoin d’un crime a été ou non influencé en entendant l’histoire d’un autre témoin », explique Steven Sherwood, chercheur à l’université de Nouvelle-Galles-du-Sud (Australie). De quoi consolider leurs résultats.
« Ces résultats témoignent de l’importance de la recherche interdisciplinaire et soulignent parfaitement comment la coopération internationale peut résoudre nos problèmes les plus épineux, déclare le professeur Eelco Rohling, de l’université nationale australienne. Si les décideurs peuvent trouver le même objectif et le même esprit de coopération, cela nous donnera l’espoir de pouvoir éviter le pire ».