Une étude publiée en juillet 2020 alerte sur le risque que constitue le recours à la climatisation en période de canicule. Loin de résoudre le problème, les climatiseurs le déplacent, en renvoyant l’air chaud à l’extérieur.
Lors de ces épisodes caniculaires, il paraît tout naturel de se ruer sur les climatiseurs. Contrairement aux ventilateurs, qui se contentent de brasser l’air ambiant – et chaud – ces appareils rafraîchissent effectivement la pièce.
Mais à quel prix ? Une étude publiée en juillet 2020 dans la revue Environmental Research Letters se penche sur le cas de l’Île-de-France. Et ses conclusions sont inquiétantes : le recours massif à la climatisation accentuerait les phénomènes d’îlots de chaleur urbain et pourrait faire grimper les températures extérieures de 2,4°C environ.
Des canicules de plus en plus fréquentes… Et des foyers de plus en plus climatisés
Une augmentation que l’on remarque également chez les foyers français : si seuls 5 % des ménages étaient équipés d’un climatiseurs en 2005, ils seraient à présent 13 % à en posséder un, selon les auteurs de l’étude. Si aucun chiffre n’est avancé pour la capitale française, les auteurs de l’étude estiment l’augmentation inévitable en raison de la multiplication des canicules dans la région. “À la fin du siècle actuel (2070-2099), une ou deux vagues de chaleur pourront être attendues chaque année”, écrivent-ils.
L’air extérieur gagnerait 2 à 3 degrés supplémentaires
On comprend mieux l’intérêt immédiat des climatiseurs. Sur le long terme, en revanche, ils ne font qu’aggraver la situation. Ce serait encore pire si une majorité de foyers parisiens faisait le choix de la climatisation, et maintenait une température de 23°C à l’intérieur des habitations, la température extérieure augmenterait de 2,4°C à l’issue des 9 jours de canicule. Et si la vague de chaleur s’avérait plus insupportable encore que celle de 2003, l’augmentation pourrait être de 3,6°C.
Peut-on se passer de la climatisation ?
Mais cela ne suffira pas. Si les mesures évoquées rafraîchiront effectivement l’air extérieur, particulièrement nocturne (4,2°C de moins en moyenne pendant la nuit) la température à l’intérieur des domiciles restera trop élevée pour être supportable sans recourir à la climatisation. “Un peu plus de six heures par jour devront être passées dans des conditions de stress thermique à l’intérieur des bâtiments”, écrivent les auteurs de l’étude.
Les comportements devront alors changer. Les chercheurs préconisent de modérer notre usage des climatiseurs, en maintenant les températures aux alentours de 28°C dans les foyers, et 26°C dans les bureaux.