Les habitants de 2 000 communes engagés pour un « Pacte pour la Transition »

Ça bouge ! Fairtrade, I-Boycott, Utopia, la Ligue des droits de l’Homme, Emmaüs, Greenpeace, le Mouvement Colibris, Artisans du Monde… Voici quelques-unes des 60 organisations qui se sont retrouvées au delà de leurs engagements variés pour établir un Pacte pour la Transition, conscientes de l’importance du développement de cette dernière à l’échelon local. L’objectif annoncé : peser lors des élections municipales de 2020, une étape décisive pour avancer vers une transition écologique et sociale, en premier lieu au niveau communal, avant d’en dépasser les frontières pour conquérir le pays entier.

Pour citer directement Aliette Lacroix, coordinatrice du Pacte pour la Transition :

« L’objectif du Pacte pour la Transition est de réunir autour d’une même table les habitants, les associations locales et les élus qui souhaitent faire avancer leur territoire vers un modèle plus respectueux de la nature et plus juste. »

Et pour établir les 32 mesures de ce pacte, pas moins de 18 mois de concertation ont été nécessaires. Les 60 organisations et 1135 citoyens impliqués dans sa rédaction se sont réunis en consultation nationale pour développer un programme dont les mesures couvrent « toutes les facettes de la vie d’une commune, depuis l’éclairage public jusqu’aux cantines scolaires et aux transports. » Un comité de scientifiques, de représentants d’organisations, d’élus et de citoyens les a ensuite consolidées. Les mesures retenues s’organisent autour de trois grands principes : la sensibilisation et formation à la transition, la co-construction des politiques locales et l’intégration des impacts à long terme et de l’urgence climatique et sociale.

Publié en mai dernier, le Pacte a été approuvé par les habitants de 2 000 communes aux quatre coins de la France et des DOM-TOM. Des habitants, majoritairement sans passé militant, mais qui aspirent au développement de projets de durabilité pour leur commune avec le soutien d’organisations locales et des élus. Une nouvelle preuve que les préoccupations écologiques touchent de plus en plus les citoyens « lambda » et plus seulement les militants jugés radicaux.

« Nous ne sommes plus dans les intentions mais dans l’action. Nous sommes dans la décennie clé pour agir » Myriam Vialat, habitante engagée (Perros Guirec)

Le scrutin des municipales de cette année sera déterminant pour l’avenir de la transition écologique alors que les urgences climatiques et sociales se rapprochent d’un seuil de plus en plus critique. Choisir l’indifférence, le déni ou se replier dans la réaction marquera un tournant décisif vers le désastre. Car alors que l’État n’est pas à même de se charger de ces problématiques, ce sont désormais aux citoyens eux-mêmes qu’il appartient d’y apporter des réponses à leur échelle locale. Avec le Pacte pour base commune à tous, les priorités locales sont définies dans chaque commune en concertation avec les habitants. Et c’est grâce à la mobilisation des citoyens que sont organisées chaque semaine des rencontres locales, des consultations, des rencontres avec les candidats.

Réunion à Montlouis-sur-Loire

En sus, tous les deuxièmes mercredis du mois sont organisés des Webinaires auxquels sont conviés des intervenant(e)s expert(e)s de thématiques liées au Pacte pour la Transition. Parmi les thématiques déjà abordées dont les enregistrements sont disponibles sur youtube : la mobilisation et la communication au niveau local, la démocratie : les élus locaux peuvent-ils agir seuls ?, l’énergie : vive le trio « sobriété, efficacité, énergies renouvelables », l’agriculture et l’alimentation sur la question des cantines bio, l’accès aux droits ou encore la lutte contre les projets inutiles et imposés. Et en complément, les liens pdf des documents supports des Webinaires sont disponibles à cette adresse. Le prochain Webinaire aura lieu le 4 mars de 19h à 20h30 et sera un « Spécial élections ».

Pour les lecteurs désirant à leur tour s’engager, il suffit de se rendre sur la page d’accueil site du Pacte pour la Transition et, après une rapide recherche par nom ou code postal, découvrir les actions déjà mises en place par un collectif dans sa commune. S’il n’y en a aucune pourquoi ne pas se lancer et devenir initiateur du Pacte ? Quant aux candidats aux élections, ils sont invités à signer au moins dix des mesures du Pacte et à les intégrer à leur programme. Des engagements qui seront rendus publics deux semaines avant le 1er tour des élections municipales. Et après l’élection, la mise en œuvre des engagements pris pourra être suivie par les habitants de la commune.

Si dans toute la France on compte désormais plus de 2 000 communes qui se sont engagées en faveur du Pacte pour la Transition, il en reste toutefois plus de 33 000 à mobiliser. L’information étant peu relayée dans les médias classiques, il est normal que le développement reste lent. C’est donc de la mobilisation de tous les citoyens français pour le faire connaître et des décisions prises par les (futurs) élus engagés que va dépendre l’avenir du Pacte pour la Transition.

« La transition doit avoir lieu à toutes les échelles, et les communes peuvent être le fer de lance de ce mouvement. L’échelle locale est essentielle pour expérimenter et diffuser les solutions qui feront le monde de demain. Nous avons notamment rédigé le Pacte pour soutenir les habitants qui ont envie de construire des alternatives dans leur commune, mais qui n’en ont pas toujours les moyens techniques. » Julien Noe, Directeur général adjoint d’Enercoop.

Quelques collectifs locaux

Car arriver à planter les graines de la transition écologique à l’échelon local signifie aussi les faire croître en vue d’un horizon élargi, au niveau départemental, puis régional et à terme national. Pour s’assurer ainsi un futur où nous n’aurons pas à redouter les conséquences de la crise climatique et sociale qui nous guette chaque jour davantage.